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dimanche 17 décembre 2017

Le fabuleux destin d' hatchepsout, l'une des seules femmes devenues Pharaon


La Reine qui devint Roi


Fille de Thoutmôsis Ier et de la grande épouse royale Ahmès, son nom résonne depuis la plus haute antiquité : Hatchepsout qui, par sa ténacité et son sens de la politique, est parvenue à transcender sa condition de femme pour devenir pharaon, incarnation divine terrestre et détenteur du pouvoir suprême en Égypte.

Arbre généalogique d’Hatchepsout


Hatchepsout est la première fille du couple royal, née entre 1508 et 1495 av. J.-C. À Thèbes, avant l’accession au pouvoir de son père. Son grand frère, Amenmès, est nommé généralissime de l’armée de Thoutmôsis Ier à l’âge d’environ 15 ans, vers la quatrième année du règne du Pharaon. Il meurt jeune et Hatchepsout, devenue l’aînée des descendants de Thoutmosis Ier et dotée d’une vive intelligence, est destinée à devenir reine d’Égypte et à régner sur le royaume, aux côtés son époux.

Préparée très jeune à tenir ce rôle en étant présentée aux grands prêtres et aux hauts fonctionnaires du royaume, elle accompagne son père en pèlerinage pour visiter les plus grands temples du pays.

Toutmôsis Ier, la reine Ahmès et leur seconde fille Néféroubity


Plusieurs des enfants de Thoutmôsis Ier meurent en bas âge, si bien que celui-ci décide, afin de maintenir la dynastie, d’unir sa fille à son demi-frère, futur Thoutmosis II, fils de sa seconde épouse Moutnofret Ire. Quelques années plus tard, Thoutmosis II et Hatchepsout ont une fille, Néférourê.

Après douze ans de règne, Thoutmôsis Ier s’éteint. Ses deux enfants survivants assistent aux funérailles de leur père. Hatchepsout assume alors son rôle de grande épouse royale et reçoit plusieurs titres « la princesse héréditaire, grande de faveurs, la favorite, souveraine du Double Pays » en plus de ses titres personnels : « Fille royale, sœur du roi, Épouse divine, souveraine de tous les pays » que l’on retrouve gravés sur le sarcophage découvert vide par Howard Carter en 1916.

Sarcophage de la reine Hatchepsout, Musée des Beaux-Art de Boston


Quelques années plus tard, le pharaon Thoutmôsis II décède à son tour, avant ses trente ans. Hatchepsout devient alors régente du très jeune Thoutmôsis III, fils de la seconde épouse Iset et du pharaon disparu. C’est le début de son ascension politique.

Pendant les premières années du règne du tout jeune enfant, tout se déroule suivant une régence classique. Hatchepsout conserve son titre de grande épouse royale ainsi que ses attributs de représentation : la longue robe fourreau, la couronne de reine et les deux hautes plumes.

Mais, sans raison connue actuellement, peu à peu, son association au pouvoir du jeune roi se fait de plus en plus présente. Elle l’accompagne en toutes occasions officielles, se représente à ses côtés sur les stèles et dans les textes officiels. Son crédit auprès des prêtres et des scribes ainsi que la légende de son ascendance divine persuadent la population qu’elle occupe la même fonction royale que pharaon. Ainsi, sans jamais remettre en cause les droits du jeune roi, règne-t-elle de manière effective. Sa mère, la reine douairière Ahmès décède au cours de cette période.

Au bout de quelques années, les spécialistes s’accordent le plus souvent sur 7 ans, elle se fait couronner roi. Dans ses représentations officielles, elle délaisse de plus en plus sa tenue de reine et aborde le pagne court, la coiffe et la barbe postiche de pharaon. Dans les textes, les deux co-souverains sont désignés comme pharaon, même si ils réservent au jeune souverain le titre de fils du soleil Sa-Rê . Elle se fait alors appeler Maâtkarê, roi de Haute et Basse Égypte. Elle conserve la numérotation du règne du jeune roi. Sur les temples, les deux souverains sont représentés côte à côte, en hommes adultes, mais Hatchepsout-Maâtkarê est toujours placée en avant et porte la couronne de haute Égypte alors que son neveu porte celle de basse Égypte.

Tête d’une statue se trouvant au Temple d’Hatchepsout (Deir el-Bahari, Egypte)


Sous son règne, la production d’effigies royales atteint des sommets. Temples, chapelles, tombeaux, palais reçoivent statues et décors à l’image de la reine-pharaon. Elle n’hésite pas à mettre en avant sa fille, la princesse royale Néférourê. Cependant, la princesse décède avant sa mère.

Il faut noter qu’Hatchepsout ne rejette en rien sa nature féminine puisque les textes la désignent toujours comme femme. Ce point souligné par Champollion a beaucoup perturbé les commentateurs et égyptologues de la fin du XIXe siècle et participé à l’intérêt pour la reine-pharaon. La représentation de ses effigies royales en homme est, selon toutes vraisemblances, un stéréotype de l’art égyptien qui veut que Pharaon soit un homme, c’est une convention de représentation.

Afin de légitimer son pouvoir, elle fait graver sur les parois des temples le récit de sa naissance divine, notamment dans son temple funéraire à Deir el-Bahari : elle aurait été engendrée par le dieu Amon qui avait pris les traits de son père, Thoutmôsis Ier. Après ce « mariage sacré » ou théogamie, Khnoum la façonna sur son tour de potier et elle fut présentée à Amon qui lui promit « cette bienfaisante fonction royale dans ce pays tout entier ».

Temple de Deir el-Bahari à Louxor


Du vivant déjà de Thoutmôsis Ier, elle aurait été installée sur le « trône d’Horus des vivants », c’est-à-dire couronnée, en présence de la Cour, après que l’oracle d’Amon à Karnak l’eut désignée comme roi, voir Pouvoir, prédestination et divination dans l’Égypte pharaonique par Marie-Ange Bonhême, PUFC, Collection « ISTA »  Année 1999 page 148-149. Sur le cas de ce premier couronnement du vivant de son père, il est difficile de départager la vérité du mythe.

Sous son règne, Hatchepsout fait restaurer les temples mis à mal par l’invasion et l’occupation Hyksôs, s’assure du soutien du clergé par des largesses, étouffe une rébellion en Nubie et organise le fameux voyage au pays de Pount d’où les navires égyptiens reviennent chargés de trésors et de matières premières d’exception : ivoire, ébène, myrrhe, encens, arbres.

Elle est le roi bâtisseur le plus prolixe de l’Égypte antique, elle a certes arrêté la politique expansionniste de ses prédécesseurs, mais a développé le commerce et favorisé la paix. Après 22 ans de règne, elle s’éteint, âgée d’une cinquantaine d’année. Thoutmôsis III récupère alors toutes ses prérogatives royales.

Damnatio memoriae d’Hatshepsout censored au Temple de Deir el-Bahari.


Durant le règne de son successeur Thoutmôsis III, une partie des cartouches d’Hatchepsout reine-pharaon sont martelées et remplacées par celui du roi actuel ou de son successeur Thoutmosis IV. Ses statues en pharaon sont également mutilées et son nom effacé du registre des rois. Cependant, cette damnatio memoriae est loin d’effacer toutes les traces d’Hatchepsout et se limite souvent aux décors les plus visibles et symboliques.

Ses représentations en tant que reine ou régente sont laissées en place. Mais son omission dans les listes de rois est plus révélatrice, car elle n’y apparaît pas non plus comme reine ou grande épouse royale. Il semble pourtant que les scribes ne l’aient pas oubliée puisqu’elle réapparait sous un nom modifié dans des listes royales datant de l’époque ptolémaïque aujourd’hui disparues mais connues d’auteurs grecs et romains.

Il faut attendre le XIXe siècle pour que la mémoire de cette mystérieuse reine-pharaon sorte de l’ombre à la faveur des traductions par Champollion et autres savants, des inscriptions sur les murs de son temple. En pleine égyptomanie, elle devient alors le sujet de toutes les interprétations. Histoire très lacunaire et fragments légendaires se mêlent, ouvrant la porte à tous les fantasmes. Certains la traitent d’usurpatrice, d’autres sont curieux, d’autres encore sont attirés par le côté romanesque de sa vie à l’image d’Akhenaton ou de Cléopâtre VII.

Statue d’Hatchepsout, temple d’Hatchepsout, Deir el-Bahari, nécropole thébaine, Égypte


En outre, nombre d’auteurs affirment qu’elle avait pris pour amant Sénènmout à qui elle avait confié les plus hautes charges du royaume. Cette affirmation sans fondement perdure aujourd’hui malgré les doutes de nombreux chercheurs. Cette relation intime entre les deux personnages historiques venait appuyer les thèses paternalistes de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle voyant dans la reine-pharaon la marionnette du haut clergé et du conseiller arriviste. Certains affirment même que la prise de pouvoir de la reine est le résultat d’un comportement névrotique typiquement féminin.

Tout au long du XXe siècle, les fouilles entreprises aux quatre coins de l’Égypte révèlent nombres d’inscriptions et de sculpture d’Hatchepsout qui attestent non seulement de son existence mais qui prouvent également son rôle prépondérant dans la politique égyptienne pendant de nombreuses années. L’étude des bâtiments construits ou restaurés sous son règne ont fait l’objet de nombreuses études et documentaires et sont considérés comme le sommet de l’architecture du Nouvel Empire.



Son tombeau de grande épouse royale a été découvert lors de la campagne napoléonienne en Égypte mais sans momie ni mobilier funéraire, à l’exception de vases canopes dont certains à son nom. La momie d’Hatchepsout a été découverte en 1903 par l’égyptologue Howard Carter à qui l’on doit la découverte de la tombe de Toutânkhamon en 1922. Il avait mis au jour les momies de deux femmes dans la tombe KV60 de la vallée des rois à Louxor. L’une des momies se tenait dans un sarcophage tandis qu’une autre était posée simplement sur le sol de la tombe.

La première momie fut identifiée comme celle de Satrê, la nourrice de Hatchepsout. L’identité de la seconde femme demeurait inconnue. Alors que la momie de la nourrice a été transférée au musée égyptien du Caire, l’autre a été laissée sur le sol, à l’intérieur de la tombe. Il faut attendre 2007 pour que sa momie soit identifiée grâce à une dent retrouvée dans un vase canope au nom de la reine-pharaon. Elle est alors transférée au musée du Caire en grande pompe.

Panorama de l’ Hatchepsut room au Metropolitan Museum of Art, New York City


De nombreux mystères persistent autour de la vie de la reine-pharaon d’autant que les textes retrouvés, relèvent souvent de la propagande royale et il est difficile de faire la part du vrai et du mythe. De plus, ces textes sont particulièrement avares en informations personnelles, ce qui rend difficile toute certitude historique. Aussi, Hatchepsout conserve-t-elle tout son mystère et son pouvoir de fascination. Une pièce du Metropolitan Museum of Art de New York lui est consacrée.

Elle est l’objet de nombreux livres scientifiques dont 12 reines d’Égypte qui ont changé l’histoire de Pierre Tallet publié chez PYGMALION-GÉRARD WATELET en 2013 ou encore La Reine Hatchepsout – Sources et Problèmes de Suzanne Ratié, publié en 1979 aux éditions Edition E. J. Brill  voire même de romans comme Child of the Morning de Pauline Gedge (prix Alberta Search-for-a-New Novelist en 1977) ; roman traduit en français par Catherine Méliande sous le nom de La Dame du Nil, paru en 1981 aux éditions J’ai Lu ; ou de manga tel Reine d’Égypte de Chie Inudo aux éditions Ki-oon depuis mars 2017. Elle a également donné son nom à un astéroïde découvert en 1960 et l’on ne compte plus les documentaires à son sujet.

L’histoire de la reine-pharaon Hatchepsout recèle encore beaucoup de mystères, tout comme le pays qui l’a vu naître. Mais, régulièrement, de nouveaux vestiges sont mis au jour, offrant de nouvelles sources et témoignages. Ainsi, dernièrement, une pyramide et une ville ont été sorties des sables égyptiens.